mercredi 9 juillet 2008

Samedi 21/06 : Un pays de contrastes

Premiers problemes de kakkuus du sejour. Rien de grave, mais quand meme. Le Basera peut-etre, tout le monde a eu droit a ses petits gargouillis et autres reactions digestives suite a la soiree. Peut-etre aussi la glace de Neila que tout le monde a goute.

Nous demenageons le matin meme vers nos hostels (residences) respectifs. L'hotel nous compte 4 jours, meme si nous n'y avons passe que 3 nuits, car ici les chambres sont reservees pour 24h. Notre grand defaut est d'etre arrive a 7h mercredi, et de ne repartir qu'a 10h ce matin. Romain et moi sommes les voisins de gauche et de droite de Guillaume que nous croisons en calecon.

Nous dejeunons tous ensemble (sauf l'Irlandais qui travaille en dehors de l'IIT) a l'Ascendas. C'est ce grand immeuble en verre tres moderne, completement occidental, que l'on apercoit depuis la water tower (le chateau d'eau), et lorsque l'on sort a la Taramani gate.

Nous sortons donc de ce cote de l'IIT. Retour dans le bruit, l'agitation et la poussiere. Le contraste est vraiment saisissant, entre le moment ou l'on est encore a l'interieur de l'enceinte du campus et celui ou l'on a passe la porte. Nous suivons la main road sur la gauche, on passe un temple colore plutot joli, une station de bus ou dorment des chevres et des mendiants. Cette rue longe le mur de l'IIT couvert de barbeles (pour empecher les gens d'entrer ou de sortir ?), puis tourne ensuite sur la droite. On quitte les echoppes entassees les unes sur les autres qui se cotoient dans un ordre assez folklorique (marchand d'epice avec sa grande machine a moudre rouillee, entrepot ou sont entasses des tonnes de vieux cahiers ou de journaux, pharmacie a l'ancienne, briques empilees, imprimeur-photographe, vendeur de seaux, poules qui picorent des fruits pourris aureoles de moucherons, temple d'1 metre carre, epicerie... ). La pauvrete et la chaleur semble augmenter avec la largeur de la route. Des immenses entrepots en beton qui semblent presque abandonnes longent la route, entoures de longs murs sur lesquels viennent s'appuyer des petites maisons en beton brut, en brique, ou en paille, et de simples tissus tendus en equerre qui abritent des familles entieres. Le bord de la route est une vraie decharge, la terre est remplie de dechets de toutes formes. Une poubelle posee la a moitie vide fait office de blague locale. Et des gosses jouent au criquet les peids nus au milieu de tout ca.

Lea trouve qu'ici ils ne sont pas si pauvres que ca, par rapport a ce qu'elle a pu voir. En effet ils ne semblent pas sales et portent tous des vetements decents : chemise et pantalon. C'est vrai qu'ils ne sont pas en haillons, mais ils sont loin de tout confort. Et le pire dans tout ca, c'est qu'ils n'ont pas l'air d'etre malheureux, ni meme d'envier les europeens qui passent pres d'eux.

Et soudain ce grand immeuble sort de nulle part, entoure de clotures et garde a chaque entree, avec de belles voitures sur le parking et des portes en verre teinte. Une fois a l'interieur, nous sommes en Europe ; un immense centre commercial au decor tout ce qu'il y a de plus moderne s'etale sous nos yeux. Autour d'un grand hall couvert de tables et de chaises propres en plastique, de plantes vertes par-ci par-la, plusieurs comptoirs d'enseignes bien connues se cotoient : KFC, McDo, Pizza Hut, Subway... On choisit son repas, on melange hamburger KFC et frites McDo et on s'assoit a une table au milieu. Les tables sont nettoyees des que les gens se levent de table en y abandonnant leur plateau, le sol est brillant. Un bout de luxe au milieu de la misere. L'Inde est definitivement un pays de contrastes.

Une autre Francaise se joint a nous : Amandine. Nous l'avions croise juste avant de venir, et je dois avouer que de loin je l'avait pris pour une indienne : peau assez mate, cheveux tres fonces. Elle est a moitie Laotienne en verite. Guillaume et Abhishek m'avaient parle d'elle la veille, et les filles avaient entendu son nom a leur hostel. Ils me l'avaient decrit comme une fille assez speciale mais vraiment tres gentille et au caractere assez indien finalement. Ca fait 2 ans qu'elle vit a Chennai, ou elle termine ses etudes de mecanique (elle vient de SupMeca Paris), et suit des cours de danse indienne et de yoga tot le matin. Ses airs de baba cool, sa facon de parler doucement et son calme indien la rende de suite sympathique. Elle compte rester encore 2 ans pour pratiquer la danse indienne.

Nous nous posons ensuite sur la terrasse a l'ombre des palmiers, pour discuter tranquillement et pour qu'Ali, Abhishek et Guillaume puissent fumer sans probleme. Il est interdit de fumer dans l'IIT, et dans tous les batiments publiques en general.

Cet apres-midi nous decidons d'aller a T Nagar (en Francais la rue en T), un des plus gros quartiers commercants de Chennai, afin d'acheter quelques vetements locaux. Kumar nous avait conseille ce lieu, mais pas le samedi...

Nous passons d'abord par le "Dollars & Pounds" sur les conseils d'Abhishek, enseigne plutot chic qui se situe a une centaine de metres de la Main Gate sur la droite, au bord de la route Sardar Patel Road. Magasin ultra climatise, ferrari devant la porte en exposition au milieu des petites echoppes sales ; vetements de marque americaines et internationales, blousons de cuirs, T-shirts de foot,... Au fond, un large choix de chemises et de pantalons. Romain s'achete une chemise, Neila un briquet. 5-6 euros la chemise, 10-11 le pantalon, c'est assez cher pour ici, mais c'est de la bonne qualite : les vetements viennent directement des usines indiennes de grandes marques occidentales, mais sont vendues ici a prix amoindris a causes de defauts infimes ou parce qu'ils sont passes de mode. C'est chic, uniquement pour homme.

Nous partons ensuite pour T Nagar ; terminus du bus b5 que l'on peut prendre a l'arret de bus juste a cote de la Main Gate (3 Roupies).

Une fois arrives, nous plongeons dans le plus gros bordel de ma vie. On nous avait pourtant prevenus que le samedi c'etait de la folie. Des centaines et des centaines de voitures garees, en mouvement, des bus, des motos, des rickshaws, des pietons de partout, dans une large rue cintree de magasins, echoppes, plus ou moins grandes.


T Nagar



Embouteillage de rickshaws



Nous nous deplacons au milieu de la foule a la recherche de magasins de fringues homme ou femme. Les filles veulent leur sari. Un marche longe l'avenue, s'etalant sur plusieurs lignes de tentes et de treteaux. Vendeurs de bijoux, de fruits, de chemises, de montres, de the, de portefeuilles, de chaussures... Apres plusieurs petits magasins, enfin nous trouvons une enseigne qui a l'air importante : Saravana Stores. En verite c'est une grande chaine de magasins populaires un peu comme Carrefour. Dans cet enorme complexe a 6 etages, les filles trouvent leur bonheur : 3 etages consacres aux saris et vetements pour femmes. Un vendeur vient nous , Romain et moi, et nous fait passer par un petit ascenseur au fond du magasin qui est bien moins frequente que ceux de l'entree, jusqu'a l'etage des hommes. La surface immense est proportionelle au choix des chemises et des pantalons, mais les melenges un peu kitches de couleurs et les coupes ne sont pas trop de mon gout, et le vendeur infernal continue de nous suivre partout ou nous allons. Nous reussissons finalement a le semer au milieu des milliers de clients qui envahissent le magasin au bout de 10 minutes. On desscend a l'etage des chaussures pour etre a nouveau suivis par deux autres vendeurs. Un peu saoules, nous descendons les escaliers pour sortir de cette folie. Un type de la secu nous arrete, nous croyons qu'il veut que l'on regarde les rayons, nous faisons semblants de nous y interesser puis repartons mais il nous arrete a nouveau. Nous comprenons finalement avec ses grands gestes qu'il y a un escalier pour descendre et un eutre pour monter et que nous etions dans le mauvais sens...


Nous attendons les filles a l'entree, mais ca derange le gardien alors nous descendons attendre dans la rue. La foule est un flot continu de particules humaines legerement moins dense au milieu de l'avenue pour laisser passer les rickshaws et les motos.


Une petite jeune femme avec son gosse dans les bras s'approche pour mendier. Je lui donne une piece mais elle la refuse, elle fait un signe de manger. Les mendiants ne semblent pas aussi chiants que dans le Nord ici ; lorsque Romain avait donne une piece a un vieux qui tenait a peine sur ses cannes, il etait parti sans broncher, et personne d'autre n'etait venu reclamer une autre piece. Finalement, au bout de 5 minutes nous lui filons 10 Rs et lui demandons de partir.

Lea sort toute contente avec des gros sacs : elle a achete 3 ensembles pour moins de 20 Rs. Neila, elle, se fait longue. Nous tentons, en attendant, l'espece de boisson orange fluo que vend un petit commercant sur son etal en metal, dans des bouteilles encapsulees. C'est chimique, et la bouteille est crade vue de plus pres. Nous decidons de ne pas aller plus loin au bout de quelques gorgees aventureuses.


Nous repartons une fois Neila enfin sortie avec tous ses sacs (elle a achete pour toute la famille). Nous nous engageons dans une petite rue en face, qui se revele etre l'entree d'une sorte de halles a moitie couvertes, constituees de petites rues de 2 metres de large d'ou on voit a peine le ciel et qui semblent s'etendre sur des kilometres. Chaussures, electronique, vetements, dvds... De multiples echoppes larges d'un metre au plus se succedent, s'entrecroisent en damier. Nous faisons demi-tour par peur de se perdre, pendant que les vendeurs ne cessent de nous interpeler... "Boss!", "What do you want, boss?", "Madame?".

Nous finissons au frais au Bata, ou tout le monde s'achete des sandales. Fatigues, nous rentrons en rickshaw. Pas facile d'en trouver un qui veuille aller a IIT, ou qui s'arrete sans se prendre des violents coups de baton sur la capote par des policiers visiblement imbus d'eux memes qui tentent sans conviction de degager la circulation. Le prix est plus eleve qu'a l'aller...

Nous avons tous rendez-vous au Basera, pour ensuite aller en boite a Chennai. Avec une petite heure de retard (il va falloir s'habituer), tout le monde est la sauf Amandine qui a des cours de yoga le dimanche matin tres tot. Double rickshaw a 10, et nous atterrissons encore une fois devant un hotel magnifique et immense. Le Park Hotel (la piscine sur le toit est parait-il tres sympa). L'entree du Pasha se fait sur le cote, les vendeurs sont habilles a l'europeenne, les portes sont grandes et modernes. 1000 Rs, gratuit pour les filles (ou 1000 Rs par couple). Le ticket permet d'avoir une boisson a moins de 500 Rs.

Boite tres select sur 2 etages, quelques blancs, des asiatiques, des indiens de haute societe, musique de boite occidentale, nous ne sommes plus en Inde. L'endroit n'est pas tres grand, on y est vite serres sur la piste.

Romain danse en lover indien, Abhishek est mort de rire, je danse avec une belle chinoise, qui est en fait mariee a un veiux blanc assis plus loin. Les cocktails sont bons (un peu chers, 400 Rs en moyenne), et le Kingfisher, le biere locale, aussi. Un indien au look tektonikcommmence a danser avec moi comme un fou. Romain et moi sortons 5 minutes, on creve de chaud. Juste le temps de faire connaissance avec 3 Sri Lankais un peu bourres qui nous adorent tout de suite. On les retrouve plus tard dans la salle et ils dansent avec nous comme des dingues. On commence a se poser des questions sur leur sexualite... Je prends le numero d'une jeune indienne habillee en bonne europeenne, Kanchana, avec qui je dansais plus tot. Ali danse avec une chinoise, reprise par Abisheck qui finit la soiree avec elle...

Enfin la musique s'arrete, nous sommes tous sourds comme des pots. On sort, l'Irlandais un peu emeche chante l'Ireland's call, son copain indien ne tient pas lui non plus tres bien debout.





Lea, moi, Romain, Tom, Abhishek, Ali, Guillaume

La pluie est forte dehors, nous sortons de la cour, les rues sont des rivieres, nous sommes trempes.









Ali voulait tenter une autre boite, mais finalement nous rentrons, pour cher : les 2 rickshaws profitent de notre situation desesperee sous la pluie. Le notre nous depose a l'Elephant circle (les rickshaws connaissent a peu pres), toujours sous la pluie. L'Irlandais qui n'avais pas compris que nous rentrions me demande where is beer... Nous lui expliquons que la soiree est terminee, il s'enerve et nous envoie balader, puis va pisser sur un arbre devant le chauffeur incredule. Belle image des europeens. Nous le laissons repartir avec le meme rickshaw, car contrairement a ce que nous croyions, il n'habite pas sur le campus.




















Je rejoins Ali, Abishek, Guillaume, Neila et Romain au Basera, qui semble ouvrir jusque tard dans la nuit (au moins 2h). Nous premons un the et des veg frankies (rouleau de legumes), tous un peu trempes et decus par la reaction de Yoan. Nous rentrons a l'hostel ; tous les blancs semblent etre loges au rez-de-chaussee du Pampa.

1 commentaire:

Lucien a dit…

Salut a vous tous !

Je vais debarquer a l'IITM fin juillet (pour un semestre d'echange - Dept. Civil Engineering, enfin c'est ce qui est prevu)! Sympa de pouvoir lire deja quelques histoires sur la vie du campus, la ville, etc (pendant mes dernieres heures de boulot ^^) !

Continuez !

A bientot surement donc !